Un besoin de soleil et de repos est parfois nécessaire pour remettre les idées à plat. Pour moi, même ces deux semaines n’auront pas suffi ?. Quoi de mieux qu’une virée en Grèce pour se prendre un bain de soleil et en profiter pour découvrir les eaux-de-vie grecques ?
Un voyage en Grèce sans rhum dans les bagages
Il n’était pas prévu pour ce petit voyage en amoureux de se déguster de bons petits rhums. Au programme, il était prévu de faire des visites de lieux historiques et archéologiques, ainsi que de faire de belles randonnées dans de superbes paysages. Visite de l’Acropole à Athènes, de la petite Venise à Mykonos ou encore la randonnée sur les bords de falaise à Santorin?.
Tout cela a bien entendu été fait et j’en ai bien profité.
Mais en prenant tant de plaisir à admirer le cadre et à me reposer, l’envie de déguster un petit rhum est venue très rapidement. J’ai commencé par chercher un bar dans lequel je pourrais prendre un cocktail sympa au bord d’une terrasse avec une superbe vu sur la mer. Mais quand j’ai vu la carte, j’ai failli avoir une crise cardiaque. Les seuls rhums présentés sur les cartes que j’ai pu lire étaient Bacardi ou Captain Morgan. Et quand on regarde le prix, on se dit qu’en France, on pourrait s’acheter la bouteille. J’ai donc abandonné l’idée d’en boire en Grèce?.
J’ai vu sur la carte plusieurs eaux-de-vie bien moins chères qui portaient le nom d’Ouzo, Raki ou Tsipouro. J’ai appris d’un serveur que c’était l’eau-de-vie locale faite à base de raisin. Pour le prix, je ne me suis pas fait prier de tester cela. En restaurant, une bouteille de 30cl d’Ouzo est vendue à 3 euros. Je vous mets au défi de trouver mieux?.
Ce n’est pas aussi intéressant que le rhum, surtout quand ils ajoutent de l’arôme d’anis ce qui le fait grandement ressembler à du Pastis. Mais c’est tout de même très plaisant et doux. Je me suis beaucoup intéressé à cette eau-de-vie pour comprendre comment elle était faite et comment elle était consommée
Pourquoi découvrir les eaux-de-vie grecques ?
Au-delà de la découverte d’une nouvelle tradition dans les spiritueux, c’est tout de même un alcool qui vaut le détour. Même si ce n’est pas aussi développé que le rhum dans la palette aromatique, il est possible de se faire vraiment plaisir en dégustant ces eaux-de-vie.
Les eaux-de-vie grecques sont le symbole de l’hospitalité grecque, chaleureuse, douce et pleine de joie.
Elles sont produites à la suite de la vinification. Le vin est mis en barrique et il faut attendre quelques semaines avant de pouvoir procéder à l’embouteillage. Alors, durant cette attente, les paysans rassemblent les résidus de grappe pour en extraire le dernier jus. Ils en font un moût qu’ils vont doucement distiller. Les alambics utilisés sont très petits et ne peuvent distiller rarement plus de 10 litres de moût en une passe.
On dit que les eaux-de-vie grecques ne doivent pas se boire seule. En apéritif avec des amuse-bouches ou pour accompagner le repas, il n’y a pas mieux. Éventuellement en digestif pour aider à faire descendre.
Il se boit de préférence froid et même tout juste sorti du frigo. Mais il peut aussi se boire chaud accompagné d’un peu de miel pour lutter contre un mauvais rhume. Les recettes se ressemblent beaucoup quand il s’agit de remède de grand-mère?.
L’histoire des eaux-de-vie grecque
Comme le rhum et le whisky, les eaux-de-vie grecques ont été inventées au 14e siècle. Les nouvelles technologies de distillation ont permis à des moines du nord de la Grèce d’exploiter les produits dérivés de la vinification pour en faire un moût qu’ils puissent distiller. Le résultat fut très apprécié et très vite la recette a été transmise à tous les monastères de la Grèce et de ses îles.
Durant les premiers siècles, les eaux-de-vie grecques sont produites de façon artisanale par les moines et les paysans viticulteurs. Elles sont toujours produites en petite quantité pour la consommation de la famille et éventuellement des amis. Elle est rarement vendue.
Les premières distilleries professionnelles qui vont enfin embouteiller les eaux-de-vie grecques ne voient le jour qu’en 1989. C’est donc encore très récent par rapport au rhum. Avec la professionnalisation de la production, on voit enfin arriver des eaux-de-vie de meilleure qualité, mais on ne pense pas encore à les faire vieillir. Le vieillissement des eaux-de-vie grecques n’est testé que depuis quelques années.
Caractéristiques
Distillerie\embouteilleur\distributeur
Il existe bien entendu des coopératives importantes qui produisent les eaux-de-vie grecques en grande quantité. Mais ce sont le plus souvent les caves viticoles qui en produisent de la meilleure qualité. Les eaux-de-vie grecques sont un sous-produit de la vinification. Le vin est un produit très consommé en Grèce et les viticulteurs ne produisent pas assez pour satisfaire la consommation.
Les eaux-de-vie grecques sont donc généralement produites à partir des jus de raisin ne pouvant pas être utilisés pour la vinification. Elle est souvent tirée du jus de la grappe après le pressage. C’est pour cela que l’on dit souvent que c’est une eau-de-vie de grappe ou distillation de grappe.
En plus de viticulteurs, il faut savoir que n’importe quel habitant qui a un petit lopin de terre peut faire pousser de la vigne et faire son propre vin. Il n’est pas rare de trouver chez certaines familles un alambic pour distiller un peu d’eau-de-vie (la chance ?).
Transparence de la marque
C’est très artisanal comme production et il est difficile d’avoir des informations intéressantes comme on cherche souvent à avoir dans le rhum.
Pour certaines eaux-de-vie vieillies, il m’a même été difficile de savoir durant combien de temps elles étaient vieillies.
Il est très compliqué de connaître les cépages utilisés ou encore le type d’alambic utilisé pour la distillation.
La transparence n’est pas du tout une priorité aujourd’hui et ce n’est pas avec les difficultés économiques actuelles que cela va changer.
Région
Ce sont donc des eaux-de-vie produites en Grèce. Une grande partie des trouvailles que j’ai pu faire, les plus intéressantes, je les ai faites à Santorin. Chaque île à une production locale avec des particularités spécifiques pour marquer son savoir-faire.
Son prix
Sur place, ce n’est vraiment pas cher. Tout à fait comparable aux prix que l’on peut trouver pour le rhum en Martinique ou en Guadeloupe. C’est un alcool qui n’est vraiment pas cher, même pour les cuvées les plus qualitatives.
Où la trouver ?
En Grèce bien entendu?.
Mode de distillation
Les eaux-de-vie grecques sont distillées, la plupart du temps, dans de petits alambics en cuivre. Seules quelques coopératives
Degré d’alcool
En général, les eaux-de-vie grecques tournent autour des 35 à 40°. Il est possible d’en trouver à un plus fort degré jusqu’à 50°, mais cela reste rare. Je n’en ai pas trouvé personnellement et il n’est pas possible d’en trouver à un plus fort degré.
Vieillissement
La majeure partie des eaux-de-vie grecques sont consommées non vieillie. Les eaux-de-vie de dégustation et donc vieillies sont rares et la demande également assez faible. Ce sont principalement les touristes qui achètent ce genre de produits. Les vieillissements ne sont donc pas très travaillés et dépassent rarement les 2 ans.
Les ajouts
Alors même si je pense que la modification du produit a une signification bien différente pour les Grecs, je trouvais important de parler de l’ajout d’arômes et principalement d’anis. Il arrive souvent que les distillateurs ne se contentent pas que du jus de raisin pour faire le moût. Ils peuvent utiliser des herbes et des épices ce qui leur permet de créer une identité particulière.
Mais ce qui m’a semblé le plus étonnant et qui est finalement tout à fait banal en Grèce, c’est l’ajout d’arôme d’anis. Cela donne vraiment l’impression de boire un pastis. Au soleil avec vu sur la mer, j’ai eu l’impression de revivre des souvenirs de vacances à Marseille.
Bien entendu, ces modifications ne sont pas faites sur toutes les eaux-de-vie grecques.
Mode de dégustation idéal
Les Grecs boivent ces eaux-de-vie en shot généralement. Il est quelquefois possible de les déguster dans des verres à vin ce qui rend la dégustation un peu plus intéressante.
J’ai eu l’impression d’avoir une image de la consommation de rhum dans les Antilles. On en boit à toute heure et de toutes les façons possibles, mais pas souvent pour le seul plaisir d’apprécier les arômes. Ces eaux-de-vie sont assez simples et rarement d’une grande qualité. C’est plus un remontant pour les paysans qui travaillent dur dans les champs ou les vignes.
Rapport qualité/prix
Niveau prix, ce n’est indéniablement pas cher. On pourra beaucoup en dire sur le fait que les eaux-de-vie grecques ne sont pas d’une grande qualité, mais même un Tsikoudia vieilli pendant 2 ans en petit fût est encore très accessible. La meilleure bouteille que je me suis achetée m’est revenue à 25 euros les 70cl.
Pour le reste, en fonction de la contenance, je trouvais des choses très sympas pour moins de 10 euros.
Complexité
Comme les eaux-de-vie grecques sont un sous-produit de la vinification, c’est souvent les éléments les moins nobles de la grappe qui sont utilisés pour faire le moût et il est donc difficile de faire une eau-de-vie de grande qualité. La consommation étant essentiellement tournée vers la prise de remontant, en apéritif, pour accompagner le repas ou encore en digestif, la recherche gustative n’est pas encore très développée. Mais il arrive de pouvoir tomber sur quelques petites choses intéressantes.
Pour les eaux-de-vie grecques classiques, il n’y a presque aucune complexité. C’est doux et facile à boire. Cela descend comme du petit lait?. Pour celles qui sont vieillies et un peu plus travaillées, il est possible d’avoir quelque chose de plaisant à la dégustation. Mais cela ne dépasse pas un rhum VO et c’est plutôt du niveau des rhums ambrés.
Mon plaisir à la dégustation
Je ne cacherais pas que je suis très loin d’avoir pris le même plaisir qu’avec un rhum. Les eaux-de-vie grecques présentent beaucoup moins de complexité et une palette aromatique bien plus pauvre. Mais j’ai tout de même bien apprécié faire cette découverte durant ces vacances. Pour un petit aparté de mon exploration de l’univers du rhum, cela a été bien reposant et plaisant.
Je pense que le cadre y a joué pour beaucoup. C’était vraiment magnifique comme paysage. Assis sur un transat avec une vue panoramique sur la mer Méditerranée, je pouvais prendre tout le temps que je voulais pour siroter un bon verre?. J’aimerais y retourner?.
Conclusion
C’est la première fois que je fais une interruption franche dans mon exploration de l’univers du rhum. Même si je n’ai pas été découvrir une eau-de-vie des plus extraordinaire, elle a eu le don de parfaitement accompagner mon voyage en Grèce. Et je dirais que quoi de mieux que de découvrir la production locale quand on visite un pays.
Cela restera tout de même un simple aparté. Je me demande juste quel alcool j’irai découvrir la prochaine fois que je ferai un voyage de ce genre.
N’oubliez pas qu’un Tsikoudia partagé est un plaisir décuplé.
Mais aussi que l’abus d’alcool est dangereux pour la santé. À consommer avec modération.